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L’acuité visuelle dans le sport : golf et rugby, même combat

par Fabien Galthié le 20 août 2015

Alexander Lévy incarne la génération montante du golf français, mais ce membre du Team BMW est aussi un passionné de rugby. A l’occasion d’un entretien, « El Toro », comme on le surnomme, fait le rapprochement entre les deux sports. Et notamment l’acuité visuelle, primordiale pour être performant.

Entre une petite balle blanche et un ballon ovale, le rapprochement n’est pas flagrant. Mais pour comparer le golf et le rugby, il faut aller plus loin dans la réflexion. C’est sur ce principe qu’Alexander Lévy, membre du Team BMW et golfeur prometteur de 25 ans, a bien voulu se prêter au jeu des questions-réponses. Et son analyse est plus qu’intéressante. « On joue souvent les mêmes coups, mais on ne tombe jamais sur les mêmes distances. C’est comme le buteur au rugby, explique le champion de golf français. Mais la différence entre le golfeur et le buteur, c’est la distance. S’il tombe à cinquante mètres alors qu’il devait en faire trente, les trois points sont quand même valables. En golf en revanche, on doit évaluer cette distance. Si on doit en faire 150 et qu’on en fait 170, on ne va pas être terrible. »

C’est pourquoi il faut travailler son visuel. Il n’est pas rare de voir des sportifs se faire opérer des yeux pour optimiser leurs performances. Ce n’est pas le cas d’Alexander Lévy qui a privilégié un entraînement spécifique lié à la concentration. « J’avais un problème au niveau des yeux, se souvient l’intéressé. Mes deux yeux ne captaient pas les mêmes choses, je m’éparpillais. Ça ne me créait pas de problème visuel, car je vois très bien, mais des problèmes d’attention. »
Et d’ajouter : «  Quand les gens marchaient à côté, je me laissais facilement perturber. J’ai travaillé là-dessus avec des exercices différents et des points bien précis. Je sens la différence aujourd’hui. » Ces deux victoires dans le Tour Européen en 2014 l’ont suffisamment prouvé.

Dans le golf, encore plus que dans n’importe quel autre sport, il faut savoir évaluer et analyser les distances. « L’acuité visuelle importe surtout par rapport aux obstacles, précise le natif d’Orange aux Etats-Unis. L’œil amène le mental et c’est primordial au golf. Il nous apporte des informations, telles que la distance, les obstacles, la visualisation et ce que l’on veut faire comme coup. »
Sans cette capacité à voir un petit objet situé le plus loin possible, on ne peut pas devenir un bon golfeur. « L’impact visuel a surtout une importance au niveau du danger, rappelle Alexander Lévy. Parce qu’un obstacle d’eau, on va le voir. Le visuel a une grande importance dans le golf mais il peut aussi nous amener davantage de problèmes que de points positifs.

Par exemple, je préfère être dans les bois que dans un champ car c’est plus facile pour prendre un point de visée. C’est une règle que l’on a établie : plus on prend un point précis, plus on sera concentré sur celui-ci. » En rugby, il faut aussi savoir analyser le jeu rapidement. Faire une passe ? Tenter de la jouer en solitaire ? Taper au pied ? Les choix sont multiples quand on réceptionne le ballon et la décision doit être prise en une fraction de seconde.

« La vision est la chose la plus importante en rugby, car c’est un sport où on fait jouer son adversaire, on ne joue pas que pour nous, acquiesce le jeune golfeur. Même le joueur qui n’a pas le ballon joue en se déplaçant, et cette initiative ne se fait que par rapport à un visuel. En rugby, le coup d’œil doit aller vite. Il faut sentir le jeu, c’est-à-dire savoir quelle passe va être la plus décisive, la plus pertinente. ». Dans le monde de l’ovalie, celui qui doit voir un peu plus vite que les autres, c’est le demi d’ouverture, une sorte de meneur de jeu. Le numéro 10 est également souvent le buteur, celui qui permet à son équipe de marquer des points.

Là encore les deux sports se rapprochent. « Le buteur, c’est comme le golfeur au niveau de la visualisation, analyse Alexander Lévy. Prenez la routine d’un golfeur : poser le tee, se mettre derrière, visualiser et décider. C’est la même chose en rugby. Il faut essayer de visualiser la trajectoire. Je sais que certains arrivent à voir la balle partir, moi, j’en suis incapable.»

Comment Alexander Lévy, né aux Etats-Unis et golfeur de renom, est devenu un amateur de rugby ? D’où lui vient cet amour du ballon ovale ? « De Toulon, lance-t-il avec fierté. Mes parents habitent à même pas un quart d’heure du stade Mayol. J’ai toujours regardé les matchs de l’équipe de France, je me rappelle de ceux contre les All Blacks… Mais maintenant, je suis plus assidu, je ne rate pas un match et c’est top à regarder ! »

De là à choisir son camp entre le RCT et le XV de France ? « J’ai commencé par regarder les Bleus, mais je n’étais pas non plus un fanatique, précise-t-il. Je regardais parce que j’adorais le sport. Au début, devant la télé, on ne comprend pas pourquoi l’arbitre siffle d’un côté ou de l’autre, car les règles ne sont pas faciles.

Aujourd’hui, je comprends et je prends beaucoup de plaisir en vrai passionné. » Il arrive parfois que les deux sports se rencontrent car certains anciens professionnels de rugby sont devenus amateurs de golf. « Je connais bien d’anciens joueurs, comme « Abdel » Benazzi ou Yann Delaigue, parce qu’ils jouent tous au golf maintenant, confirme Alexander Lévy. Les rugbymen de la Team BMW, je n’ai pas eu encore l’occasion de les connaitre tous, mais j’ai hâte de passer plus de temps avec eux. Bon, Thierry (Dusautoir), j’en ai entendu parler (rires). Après, j’ai déjà rencontré Arthur Bonneval mais le capitaine français, encore jamais. Peut-être que je le rencontrerai à Marcoussis… » Il paraît d’ailleurs qu’il existe un superbe parcours de golf là-bas. L’occasion est trop belle pour ne pas faire connaissance…

https://bmw-rugby-experience.sport.orange.fr/articles/l-acuite-visuelle-dans-le-sport-golf-et-rugby-meme-combat-70889.html